« Un art qui a de la vie ne reproduit pas le passé ; il le continue ». Auguste Rodin
De même que les compositeurs peuvent se demander pourquoi écrire de la musique après les grands maîtres du passé, les luthiers peuvent s’interroger sur les raisons qui les poussent à créer encore des instruments alors qu’il en existe toujours des millions.
La musique est un art vivant ancré dans son temps. Les merveilleux instruments des grands maîtres du 17e et 18e siècles ont été adaptés au 19e siècle aux exigences des musiciens de cette époque pour résister au volume sonore des grands orchestres et des nouvelles salles de concert. Ces instruments ainsi modifiés sont devenus les références pour leur puissance, leur timbre et leur lutherie.
La tendance actuelle à réaliser de simples facsimilés espérant ainsi reproduire le son d’origine nous semble vain, chaque luthier possédant — et transmettant — sa propre marque sonore comme en témoignent les violons, altos et violoncelles d’Antonio Stradivarius, Paolo Maggini et Gennaro Gagliano et les archets de Tourte, Peccatte, Lamy, Sartory exposés à la Fondation.
Copier les grands maitres du passé a toujours fait partie de l’apprentissage des luthiers, des peintres et des musiciens, mais concevoir une œuvre incarnant et servant le présent à toujours été le but à atteindre.
Les douze luthiers et archetiers venus du monde entier et réunis ici vous présenteront leurs dernières créations. Ils sont à l’écoute des musiciens d’aujourd’hui et partagent avec eux un même idéal musical et sonore.
Nous sommes très reconnaissants envers monsieur le président de la Fondation Singer-Polignac, le professeur Yves Pouliquen, de l’Académie française, de rendre cette exposition possible.
Christian Urbita
Fondateur de l’Atelier Européen de Luthiers et d’Archetiers
